Quinze minutes plus tard, elle débarquait à Bréhat. Elle entra à l’hôtel BelleVue, réserva une chambre pour la nuit, y déposa ses bagages. Le réceptionniste lui donna un plan de l’île et elle partit avec Câline.
En sortant, elle bouscula un homme, c’était le pêcheur qui l’avait observée avec tant d’insistance la veille. Elle le regarda, rougit, bafouilla des excuses avant de s’enfuir.
Erwan pénétra dans le café et interrogea Loïc le serveur :
— Qu’est-ce qu’elle fout là, la Parisienne ?
— Elle a loué une chambre pour la nuit, comment tu sais qu’elle est parisienne ?
— Je l’ai croisée hier à Paimpol, elle a une voiture de location. Et puis elle a bien une dégaine de parigote, ajouta-t-il méprisant.
— En attendant, c’est eux qui nous font vivre, garde-le en tête ! l’interpella Étienne, le patron de l’hôtel.
— J’oublie pas ! Tant qu’ils ne viennent pas s’installer chez nous, ça me va !
Il finit son café et sortit.
Il remonta en direction de sa maison et la trouva au bourg, il se décida à la suivre, intrigué, elle semblait chercher quelque chose. Il l’avait croisée la veille et n’avait pu détacher ses yeux de son regard bleu-azur. Elle l’intriguait, il n’osait pas s’avouer qu’elle lui plaisait, cela faisait si longtemps qu’il était seul.
Elle prit le chemin de Pont Ar Prat, elle trouvait le paysage magnifique, la mer était haute. Il n’y avait pas beaucoup de touristes, elle put lâcher Câline qui ne décollait pas sa truffe du sol.
Toutes les maisons étaient bordées de massifs d’hortensias, les couleurs des fleurs se mariaient avec le ciel et l’eau. Malheureusement, beaucoup de villas étaient closes. Elle pensa à la similitude avec l’île de Ré où elle avait séjourné avec Philippe. Elle arriva à la Chapelle Keranroux et obliqua sur la gauche.
Elle flâna un bon quart d’heure et il apparut enfin. Le phare était en fait une tour moitié carrée, moitié arrondie d’une quinzaine de mètres, et la maison avait été construite en l’englobant. La construction était bien entretenue, il y avait un immense terrain d’herbe et un muret tout autour de la propriété. Les volets étaient fermés, elle ne put rien apercevoir de l’intérieur de la bâtisse, une dépendance était attenante. Elle était isolée par rapport au restant de l’île. Elle la trouvait belle, cette maison, elle dégageait quelque chose d’apaisant qu’elle n’avait pas ressenti depuis longtemps.