L’écriture, une activité saine…
Avant quand je travaillais comme assistante de direction dans un EHPAD, je n’avais pas beaucoup de temps pour lire. J’arrivais à bouquiner pendant ma pause déjeuner d’une demi-heure. Autant vous dire qu’il n’en était pas de même le soir au retour à la maison, c’était la valse des devoirs, des corvées, et de la préparation du repas. J’avoue qu’en sortant de table, je m’affalais dans mon canapé devant une série et bien souvent je m’endormais en route.
Alors quand aurais-je eu le temps d’écrire ?
Oui, mais voilà, avant de reprendre un job en 2013, je suis restée pendant 17 ans à la maison à m’occuper de mes 3 loustics. Vous savez que c’est du boulot à temps plein, néanmoins, j’arrivais à lire un peu plus.
Pendant toutes ces heures à faire du ménage, du repassage et autre divertissement domestique, je m’évadais en imaginant des histoires (toujours d’amour, c’est addictif chez moi) que je racontais à haute voix (et là, je passe pour une folle, j’assume). Jamais il ne me serait venu à l’idée de les coucher sur papier (ou plutôt sur pc). Mes lectures étaient toujours dans le même style, principalement Françoise Bourdin, Robert Merle, Anne et Serge Golon, et des livres témoignages, en somme des valeurs sûres…
Et puis, un jour… Vous retournez à la vie professionnelle, on vous fait confiance après 17 ans à la maison, du coup, vous vous jetez à cœur perdu dans votre poste, voulant donner le maximum de vous-même, et ça marche.
Le problème du coup, vous devez affronter les jaloux, le harcèlement de vos collègues, vous vous refermez sur vous-même. Viennent s’ajouter des soucis de santé, la déprime s’installe. Mon patron me soutient à 200 % (il me rapporte même des enceintes afin de pouvoir écouter de la musique en travaillant), mon mari et mes enfants à 500 %, alors vous tenez, vous prenez sur vous.
Et puis, un matin, pour moi c’était le vendredi 16 décembre 2016, tout s’effondre. Vos larmes ne s’arrêtent pas, vous avez une boule constamment à la poitrine, vous n’arrivez plus à faire face alors que c’est le repas de Noël des familles. Vous quittez la salle afin de ne pas craquer devant tout le monde, mais vous savez que plus rien ne sera comme avant.
Un de vos enfants en rajoute et vous dit que depuis un an vous ne souriez plus, que vous êtes devenue triste. Il est temps de prendre la décision d’arrêter, cette décision, il faut qu’elle mûrisse, qu’elle fasse son chemin, car cela implique beaucoup moins d’argent, un retour à la maison, une descente dans l’échelle de mon estime de moi…
Chacun son rythme pour méditer les choses, et le déclic, mon complice professionnel s’en va alors pourquoi rester, sans lui, je n’ai plus de soutien. Les 4 premiers mois, je tiens encore, mais j’ai besoin d’un dérivatif, je lis de plus en plus et je finis un livre, je fais la réflexion à ma fille que j’aurais pu l’écrire. Sa réponse me laisse sans voix : « Qu’attends-tu pour écrire alors ? », s’ensuit, tout un tas d’excuses qu’elle balaie d’un revers de main.
J’ouvre mon Word, j’ai déjà le titre, je tape les premiers mots, mes doigts s’emballent sur le clavier, j’ai tellement de choses à raconter, et, dès les premières lignes, je sais que j’irai jusqu’au bout. J’ai enfin un but le soir quand je rentre, j’écris et mon récit prend forme, l’histoire de Victoire prend vie. C’est un peu de moi, un peu de ma peine, mais ça me fait un bien fou et tout doucement, je relève la tête.
N’est-ce pas prétentieux de dire que l’on écrit un livre ? Je le pense au début, du coup je ne le cache, comme une chose honteuse. Et puis ma fille lit des extraits et son retour me donne la chair de poule, elle est contente de ce qu’elle découvre. Alors je m’ouvre aux autres et j’ose en parler. Je rentre de vacances, et deux mois après avoir commencé l’écriture de « Juste une mise au point » je le soumets à mon petit comité de lecture, les retours sont plutôt positifs.
Nous avons fait le point, nous avons beaucoup parlé avec mon âme sœur (mon mari) et mes enfants, ils ont été formidables.
Septembre, c’est la rentrée, je reprends le chemin du boulot, mais je sais que j’ai une date butoir, j’annonce mon départ pour le 15 décembre. La nouvelle direction n’apprécie pas, je m’en fous. Finalement, je me sauverai avant.
Toute ma famille me soutient, c’est l’essentiel. Travailler ne doit pas être une souffrance, la lecture du livre de Raphaëlle Giordano « Ta nouvelle vie commence quand tu comprends que tu n’en as qu’une » m’en a fait prendre conscience.
Le 9 septembre, pendant que « Juste une mise au point » est à la correction, j’ai déjà entamé la rédaction de « Ta nouvelle vie commence ici » (qui sortira le 5 juin sur Amazon).
Depuis le 20 novembre, je me reconstruis, je soigne mes blessures et je vais mieux. Je trouve de plus en plus de bien-être à écrire et une nouvelle vie s’ouvre à nous.
Nous allons déménager en juin pour Lyon, je reprends le chemin de l’école, je vais suivre une formation de tapissière d’ameublement en sièges (comme Victoire) et j’ai commencé l’écriture mon troisième roman.
Alors oui, je ne suis pas connue, je n’ai pas d’éditeur, je m’autoédite, mais je suis un écrivain. J’écris de très belles histoires qui font du bien, à moi, et à celles qui les lisent, cela suffit à mon bonheur.